Aller au contenu
Accueil » [SERMON] Lors de l’Assomption, l’étonnante rencontre de Marie avec deux anges célestes

[SERMON] Lors de l’Assomption, l’étonnante rencontre de Marie avec deux anges célestes







    L’Assomption de Marie

    L’Assomption de Marie

    Le Fr. Jean-Thomas de Beauregard, dominicain du couvent de Bordeaux, commente les lectures de la solennité de l’Assomption (Ap 11, 19a et 12, 1-10 ; Ps 44 ; 1Co 15, 20-27 ; Lc 1, 39-56). Deux anges s’interrogent sur le mystère de l’arrivée de Marie au Ciel, avec son âme et avec son corps. Depuis lors, avec Marie, par Jésus, la grâce s’écoule en abondance sur tous les hommes.

    Au Ciel, il y a 2.000 ans, un convoi s’avance vers le trône de Dieu. C’est la procession des grands jours, ce doit être quelqu’un d’important : on n’avait pas vu autant de régiments d’anges accompagner une arrivée au Ciel depuis l’arrivée du Fils du patron, quelques années plus tôt. Sur le passage du convoi, deux anges discutent entre eux. L’un s’appelle Gontran, l’autre Anatole.
    L’ange Gontran s’exclame : « Elle est morte ! » L’ange Anatole proteste : « Non, elle dort seulement… » Marie était-elle morte, ou bien était-elle seulement endormie, lorsqu’elle est montée au Ciel en son âme et en son corps ? Nul ne le sait. Il y avait tellement de monde pour l’accueillir, et la lumière qui émanait de son corps glorieux était si éblouissante qu’on n’avait pas bien vu. Tout ce qu’on savait, c’est que la Vierge Marie était la première, et jusqu’à aujourd’hui, la seule, à arriver au Ciel en son âme et en son corps.

    Un corps glorieux

    Tous les autres, même saint Pierre et saint Jean, saint Paul et saint Étienne, tous ces grands saints prestigieux, devaient attendre le jour du Jugement Dernier pour espérer retrouver leur corps. Oh ! ils n’étaient pas malheureux, en attendant. À vrai dire, ils n’avaient même jamais été aussi heureux que depuis leur arrivée au Ciel : ils voyaient Dieu face-à-face. Mais tout de même, une âme sans son corps, ça manque de charme. Une âme sans son corps, c’est comme un dimanche sans la messe, ça n’a aucun sens…
    L’ange Anatole et l’ange Gontran discutaient encore entre eux. L’ange Anatole disait : « OK, Marie est montée au Ciel en son âme et en son corps, alors que les autres doivent attendre le Jugement Dernier pour retrouver leur corps… Mais qu’est-ce que ça change ? » L’ange Gontran partageait les doutes de son collègue, expliquant : « D’ailleurs, nous, on n’en a jamais eu, de corps, et on n’en aura jamais. Est-ce qu’on se porte plus mal ? » L’archange saint Michel qui passait par là les reprit avec vigueur : « Un peu de respect, les gars, je vous rappelle que le Fils de Dieu lui-même n’a pas dédaigné assumer une humanité avec un corps semblable à celui de tous les hommes. Ça doit vouloir dire que le corps n’est pas si méprisable que ça ! »

    L’ange Anatole, un peu vexé d’avoir été repris par l’archange saint Michel, murmura : » On ne m’ôtera pas de l’idée que le corps humain est mal fait. Fatigue, maladie, faim, soif, on est bien mieux sans ! » Mais l’ange Gontran répondit : C’est vrai, mais il paraît qu’au Ciel, après le Jugement Dernier, le corps glorieux est libéré de tous ces inconvénients. En plus, un corps transfiguré, qui rayonne de la charité de Dieu, ça n’est pas si mal ! 
    Bon, pour Marie, elle était déjà la plus belle des filles de Sion avant même d’arriver là-haut, mais pour les autres, on gagne en esthétique !

    Elle est aussi notre Mère

    Nos deux anges discutaient déjà depuis un moment lorsqu’un grand mouvement de foule se produisit. Voilà que Jésus-Christ lui-même venait accueillir Marie sa mère pour la placer à sa droite. Jésus se tenait là, et de son corps émanait une lumière plus grande encore qu’au jour de la Transfiguration, plus éblouissante encore qu’au jour de la Résurrection. Et on voyait les plaies de ses mains, de ses pieds, et de son côté transpercé.
    L’ange Gontran murmura : « Corps glorieux, corps glorieux… Si même Jésus conserve la marque de ses souffrances dans son corps glorieux, c’est qu’il n’est pas si glorieux, ce corps ! » Mais l’ange Anatole, pour une fois plus malin que l’autre, répondit : Ce sont les marques de sa souffrance, c’est vrai, mais ce sont surtout les marques de son amour pour les hommes. 
    C’est en son corps que Jésus a souffert, que Jésus a aimé, et c’est normal que son corps glorieux continue à en porter le témoignage.

    L’archange Gabriel, qui passait par là, ne se priva pas de donner son conseil aux anges Gontran et Anatole : Vous savez, moi, je la connais bien, la Vierge Marie. C’est la plus merveilleuse des femmes ! Et si vous avez des questions, allez les lui poser directement ! Elle est notre Reine, bien sûr, mais elle est aussi notre Mère. Et une Mère prête toujours une oreille attentive aux questions de ses enfants…
    L’ange Gontran et l’ange Anatole étaient un peu surpris, et se demandaient entre eux : « Tu crois qu’on peut vraiment aller la voir ? » — « Si Gabriel le dit, c’est que ça doit être vrai. Allez, je me lance ! » Ils arrivèrent à hauteur de la Vierge Marie, et lui demandèrent :
    Ô Marie conçue sans péché, vous êtes si belle ! Vous avez eu la grâce d’arriver au Ciel immédiatement en votre âme et votre corps, et nous voyons bien combien le péché n’a eu aucune prise sur vous. Mais tout de même, n’y aurait-il pas le moindre défaut en vous ?

    De ces deux blessures d’amour

    La Vierge Marie sourit, et écarta d’un revers de la main le bas de son manteau. Sous les yeux ébahis des anges Gontran et Anatole, elle releva un peu sa robe et dévoila son pied. Il y avait là une petite blessure, au niveau du talon. « Alors c’était donc vrai ! », s’excl