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Lorsqu’un ange fut convié à la table de saint Grégoire

    Saint Grégoire et l’ange invité surprise

    Un jour, Saint Grégoire se préparait à déjeuner avec douze convives, mais un treizième s’est invité à leur table. Cet invité surprise était en réalité un ange.

    Saint Paul disait dans ses enseignements que certains d’entre nous peuvent accueillir des anges sans le savoir. Parfois, les anges se manifestent à nous sous une apparence humaine, discrètement, et nous ne nous rendons compte de leur visite que bien plus tard. Cependant, les saints ont parfois la capacité de les identifier. C’est ce qui est arrivé à Grégoire le Grand, bien avant qu’il ne devienne Pape.

    Les réfugiés affluent vers Rome

    Grégoire appartenait à une famille aristocratique romaine, qui était depuis longtemps convertie au christianisme. En tant que membre de cette famille, il était destiné à servir l’empire chrétien. Au départ, il s’investissait corps et âme dans ce rôle, mais le VIe siècle était une période terrible, marquée par les invasions, les guerres, les famines, les misères et les révoltes. Face à tant de souffrances en Italie et à Rome, Grégoire, qui était Préfet de la Ville, se sentait impuissant à soulager les personnes dans le besoin, malgré sa bonne volonté. Il comprenait de plus en plus que ce qui importait réellement était Dieu, et que ses succès politiques et mondains n’avaient aucune importance. Il sentait une vocation religieuse grandir en lui, mais il n’osait pas en parler à son père Gordianus, qui était lui-même un fervent chrétien. Il craignait de le peiner en lui annonçant qu’il ne se marierait pas et que la glorieuse lignée familiale s’éteindrait avec lui.

    Grégoire avait pris l’habitude de recevoir douze personnes affamées à sa table pour le déjeuner, qu’il nourrissait à ses frais et servait lui-même comme un domestique, imitant ainsi le geste de Jésus lors de la Cène.

    Après la mort de son père en 575, Grégoire devint l’unique héritier d’une fortune considérable, bien que sérieusement affectée par les troubles de l’époque. Il ne savait pas quoi faire de cette fortune, si ce n’est la donner à l’Église. Parmi ses biens se trouvait la maison familiale, un palais situé sur le Caelius, un quartier autrefois prestigieux de Rome, à côté du Colisée et des magnifiques jardins de l’empereur Claude. Cependant, cette maison était à l’abandon depuis que les Wisigoths l’avaient pillée en 410. Avec l’avancée des Lombards, un peuple scandinave qui ravageait tout sur son passage avec une violence sans précédent, de nombreux réfugiés affluaient à Rome. Parmi eux se trouvaient de nombreux religieux et religieuses convertis à l’hérésie arienne, qui étaient particulièrement haïs par les envahisseurs. Certains moines et religieuses subissaient des tortures, des humiliations et une mort terrible. Ils étaient donc contraints de fuir.

    Grégoire a accueilli ces réfugiés chez lui et leur a permis de former une communauté bénédictine. C’est grâce à eux qu’il a découvert l’existence de saint Benoît, sa spiritualité et sa règle. Cependant, il y avait encore de nombreuses personnes, en particulier des laïcs, qui mouraient de faim dans les rues. C’est pourquoi Grégoire a pris l’habitude de recevoir douze de ces malheureux à sa table pour le déjeuner, qu’il nourrissait à ses frais et servait lui-même comme un domestique, répétant ainsi le geste de Jésus lors de la Cène. Même pour Grégoire, avec sa fortune, nourrir douze personnes affamées tous les jours était un véritable exploit dans ces temps de pénurie extrême où il était très difficile de faire circuler des vivres en provenance de ses riches domaines siciliens. Mais il y parvenait.

    Un invité supplémentaire

    Cependant, un midi, Grégoire découvrit consterné qu’il y avait un treizième convive à table. Or, il n’y avait de nourriture que pour douze personnes. Grégoire ne pouvait pas se résoudre à renvoyer cet invité de trop, car la charité et les lois de l’hospitalité l’interdisaient. Il se rendit donc à la cuisine et prit ce qui restait, c’est-à-dire son propre repas, qui était plus modeste que celui de ses invités. Il revint à la table avec cette treizième assiette et s’excusa humblement auprès du treizième mendiant pour sa modestie. À ce moment-là, l’invité de trop se révéla dans toute sa gloire en enlevant ses guenilles. C’était en réalité un ange envoyé du Ciel pour vérifier l’ingéniosité charitable de Grégoire. Une fois qu’il se fut fait connaître, il disparut. Aujourd’hui encore, dans l’église San Gregorio Magno, située sur le site de la maison du préfet charitable, on peut voir, dans la chapelle Santa Barbara, une fresque représentant ce miracle. Sur cette fresque, on peut observer la grande table en marbre où l’ange s’était assis pour demander l’aumône.